Extrait de l’interview réalisé par Hélène Beausoleil, responsable des prestations
Avez-vous un souvenir de votre rencontre avec les clowns ?
Personnellement, j’aime bien les clowns et j’aime bien interagir avec eux quand je les croise, comme personne, et comme médecin. Quelquefois, je leur demande s’ils peuvent faire une petite faveur, pour distraire un enfant, participer à une consultation.
Je me rappelle une scène en policlinique avec un enfant qui ne communiquait pas avec des paroles. Et j’ai pensé qu’il allait probablement réagir au rythme et/ou à la musique.
Les clowns sont passés par hasard, j’avais la porte de la consultation ouverte et je leur ai dit : « Venez » !
L’enfant donnait le rythme que les clowns reprenaient. Ils ajoutaient de la musique et cela a donné un joli concert. C’était un plaisir pour la maman de voir son enfant interagir de la sorte.
J’aime bien quand vous ajoutez de la musique, du chant. Ça me détend et j’en profite si je peux.
J’aime faire appel aux clowns, même aux soins intensifs. Vous avez une bonne formation. Parce que même si quelquefois vous avez un thème, vous réussissez à vous adapter à la situation. Je trouve ça super.
Je fais référence à la formation artistique, et pour moi c’est très important, c’est du savoir-faire, c’est construit, de manière professionnelle. Savoir commencer, entrer en contact avec quelqu’un, et aussi savoir terminer et le lâcher sans l’abandonner. Vous ne pouvez pas rester toute une journée avec un enfant, il y en a beaucoup. Vous faites très bien ces passages de l’un à l’autre, sans laisser un enfant perdu et abandonné.
C’est vrai, pour chaque personne que vous rencontrez, commencer, terminer, continuer.
On a présenté l’accompagnement de soin à la journée qualité des HUG. C’est entendable pour toi qu’un duo de clowns puisse être présent, accompagner un soin comme un pansement en chirurgie ?
Bien sûr, cela peut aider énormément, à condition que vous ayez cette formation médicale de base. Après, c’est une prise en charge, vous pouvez donner un peu de confiance à l’enfant et le distraire de façon bienveillante. Accepter quelque chose parce qu’on est amené dans un autre monde.
Parfois c’est aussi montrer la réalité, participer à la réalité pour la rendre plus acceptable.
Dans ma consultation, j’accueille souvent des enfants « ventilés » (= avec appareil de respiration), et quelques-uns aiment les clowns. On pourrait rendre moins hasardeuses vos visites et prévoir la venue des clowns pour ces enfants.
Les clowns s’adaptent au souffle, à la respiration. On n’est pas des soignants mais on observe et on est attentif. On a appris dans nos cours de sensibilisation médicale que le rythme ne doit pas s’accélérer pour ne pas amener l’enfant à une difficulté respiratoire
Ça, vous le faites très bien. C’est un point qu’on peut souligner. Réussir à aller dans le même souffle, pas dans un contre souffle, et pas forcément accélérer si ce n’est pas bon. C’est un peu comme la musique.
Vous imagineriez la pédiatrie sans les clowns ?
C’est un enrichissement. On peut poser la question est-ce qu’on a besoin des clowns en pédiatrie ? Ça aide beaucoup. Cela fait réfléchir à ce dont les familles ont besoin. Moi je peux en profiter mais je peux vivre sans. De temps à autre, cela peut aider sans nul doute.
Le mot de la fin ?
Je pense plus important que vous ayez une bonne formation purement artistique de qualité. Tout le reste vient après. Vous pouvez apprendre des tas de choses, du perfectionnement, les cours médicaux etc…
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